Philippe Gillet, le Youtubeur de 72 ans qui recueille les animaux « mal-aimés »
Publié : 16h58 par Rubens Constantino
Depuis sa maison de Couëron, Philippe Gillet, 72 ans, recueille et soigne près de 400 animaux sauvages. Ancien guide de chasse et herpétologue, il est devenu créateur de contenu pour financer sa mission : sensibiliser le public aux reptiles et insectes mal-aimés.
Dans le pavillon de Philippe Gillet, à Couëron, près de Nantes, l'apparence tranquille des lieux cache un incroyable refuge pour animaux. Derrière les murs de cette maison se trouve un sanctuaire où vivent alligators, serpents, scorpions, et tortues alligator. Ces animaux, recueillis pour éviter leur abandon ou leur euthanasie, vivent aux côtés de Philippe, 72 ans, un ancien garde-chasse ayant passé 30 ans en Afrique, devenu spécialiste des reptiles.
Philippe Gillet a ramené de ses années passées en Afrique une passion inébranlable pour ces créatures mal-aimées. « Les gens me prennent pour un fou », confie-t-il en caressant l’un de ses alligators, Alli, qui vit avec lui depuis plus de vingt ans. Mais pour cet homme au parcours singulier, ce mode de vie est naturel. « Je passe tout mon temps à les soigner. C'est moi qui suis à leur disposition et non l'inverse. »
Face aux difficultés financières après la pandémie, qui a empêché son association Inf'Faune de continuer les expositions gratuites, Philippe s'est lancé sur les réseaux sociaux. Son but ? Financer l’entretien de ses animaux tout en sensibilisant le public. « Faire des vidéos était le seul moyen de continuer à informer gratuitement », explique-t-il. Depuis un an et demi, il publie des contenus pédagogiques et humoristiques sur TikTok et YouTube. Le succès est fulgurant : Inf'Faune compte désormais près de 200 000 abonnés sur YouTube et plus du triple sur TikTok, assurant les revenus nécessaires à la survie de ce refuge peu conventionnel.
Dans ses vidéos, Philippe partage son quotidien et sa passion, espérant démystifier les peurs autour des reptiles et insectes. « La peur et la méconnaissance entraînent la destruction de la nature », martèle-t-il. Chaque vidéo devient ainsi un moyen d’éducation, dans l’espoir de changer le regard de la société.
Bientôt un refuge spécialisé pour les reptiles ?
Philippe Gillet sait que son œuvre lui survivra difficilement si rien n’est mis en place pour en assurer la continuité. Avec ses bénévoles, il a lancé une collecte de fonds pour construire un refuge dédié aux reptiles, adapté aux besoins spécifiques de chaque espèce. « Il y a des refuges pour les chiens et les chats. Pourquoi pas pour ces mal-aimés ? », interroge-t-il. À terme, il espère offrir un espace plus vaste à ses animaux, loin des contraintes d’un pavillon de banlieue, et léguer son savoir à la prochaine génération.
Pour Philippe, préserver la biodiversité et transmettre ses connaissances sur les reptiles est un devoir. « En Afrique, on dit qu’un ancien qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », raconte-t-il. Avec l’aide de ses bénévoles et de sa communauté grandissante sur les réseaux, ce septuagénaire espère que son engagement pour les reptiles et amphibiens continuera de porter ses fruits, même après son passage sur Terre.