Le Chili connaît un effondrement de la natalité.

Publié : 20 janvier 2025 à 15h18 par Ludovic Vilain

Un bébé dans les bras de sa mère.
Un bébé dans les bras de sa mère.
Crédit : CC0 / Image d'illustration

Le sujet est d'actualité, en Europe comme de l'autre côté de l'Atlantique. Partout dans les pays développés le nombre de naissances est à la baisse, mais au Chili, les chiffres sont particulièrement inquiétants. On vous explique pourquoi.

C'est un triste record dont se seraient bien passés les chiliens amateurs de familles nombreuses. Entre 2013 et 2023, le Chili est devenu le pays au taux de fécondité le plus bas de tout le continent américain. Le chiffre est même inférieur à celui de l'Italie, qui en Europe est aussi l'un des plus faibles. Un effondrement qui tend donc à s'accélérer dans les pays d'Amérique Latine, et plus particulièrement au Chili. Et on trouve à cela plusieurs types d'explications.

En dix ans, les naissances ont donc chuté de 29% au Chili pour s'établir en 2024 à 1,17 enfants par femme. Quand on sait qu'il en faut 2,1 pour assurer le renouvellement naturel des générations, on comprend vite en quoi la situation du Chili est particulièrement préoccupante. En Italie donc, pays qui fait le moins d'enfants en Europe, ce taux de natalité était de 1,20 en 2024. Là aussi, on est loin de pouvoir assurer le remplacement de la population. Sans parler de cet épineux problème du financement des retraites, mais ceci est un autre débat.

Parmi les explications à cette baisse de la natalité au Chili, on trouve en premier lieu une évolution rapide des mentalités chez les femmes en âge de procréer. Elles sont en effet de plus en plus nombreuses à assumer ne pas vouloir d'enfants. Elles avancent à cela plussieurs raisons, comme la volonté d'un épanouissement personnel et professionnel et le désir d'une totale liberté de mouvements. Des choix personnels qui s'inscrivent dans une tendance lourde au Chili. Une tendance qu'on a d'ailleurs observée ailleurs sur la planète mais qui là-bas s'est affirmée en 10 ans ou 20 ans à peine alors qu'il a fallu par exemple des décennies en Europe ou au Japon. Le Japon qui d'ailleurs au passage est le pays le plus vieux du monde où près de 30% de la population a plus de 65 ans. Juste derrière on retrouve nos amis italiens.

Au Chili, selon des sociologues qui ont étudié cette question, la transformation des mentalités a donc été étonnamment plus rapide qu'ailleurs. Et aussi plus profonde du coup. On note par exemple que l'accès des femmes à l'éducation, au travail et à la contraception a assoupli les normes de genre et de la famille dans la société chilienne. Etre une femme ce n'est plus nécessairement être aussi une mère. Cependant, si les choix et les orientations de chacune et chacun sont évidemment respectables et respectés, il n'en est pas moins que certains spécialitses tirent la sonnette d'alarme quant à cette situation. Pour eux, on serait même face à une urgence et une crise sanitaire.

Et revoilà d'ailleurs le débat sur la réforme des retraites, inévitable au Chili aussi. Eh oui, si la baisse du taux de natalité se poursuit, la population âgée va mécaniquement augmenter et devoir travailler plus longtemps. On en revient à ce problème évoqué plus haut du renouvellement des générations, avec des conséquences sur les dépenses de santé et les frais liés à la dépendance. Un volet économique du problème qu'il est impossible d'occulter. Et même si les plus optimistes évoquent positivement l'immigration pour inverser la tendance, les chiffres ne leur donnent pas encore raison. En effet, en 2021 par exemple, l'accueil des immigrés a permis de fournir 17,4% des naissances au Chili, un chiffre porteur d'espoir mais qui ne devrait malheureusement pas enrayer le fort déclin de la natalité. Au premier semestre 2024, seuls 70 336 bébés ont vu le jour dans le pays.