Les radios privées sont en colère !
Publié : 2 février 2021 à 15h32 par La rédaction
Les radios du Service Public sont financées par nos impôts. Depuis 2016, certaines, dont France Inter ou France Bleu, ont aussi accès à la publicité commerciale. Prochainement, pour ces stations, les rentrées publicitaires pourraient ne plus être plafonnées, mettant en danger les radios privées.
"C'est un peu comme un partage de gâteau", déclare Alain Liberty, président du Sirti (le syndicat des radios indépendantes). "Plus il y a de monde à table, plus les parts sont petites. Aujourd'hui, une radio privée est financée à 100% par la publicité. Si, demain, nous avons un nouveau convive à la table de ce gâteau publicitaire, vous imaginez bien que malheureusement, nous vivrons beaucoup moins bien. C'est une crise sur les salaires, sur la qualité de l'information, sur la production de programmes, voire l'existence des radios"
En 2016, lors de l’ouverture de la publicité commerciale sur les antennes de Radio France, le Gouvernement s’était engagé à maintenir les grands équilibres du marché auprès des radios privées par l’instauration d’un montant annuel maximal de recettes publicitaires. Actuellement, ce plafond annuel de recettes commerciales de Radio France est fixé à 42 millions d’euros mais le nouveau Contrat d’Objectifs et de Moyens (COM) 2020-2022 de Radio France, en cours de finalisation, supprimerait ce plafond ouvrant ainsi la porte à un accès quasi-illimité du service public à la publicité.
"Le Gouvernement ne tient pas ses promesses"
Pour les radios privées réunies au sein du Bureau de la Radio et du Sirti, « en retirant la limite, déjà haute, de 42M€ du nouveau COM de Radio France sans aucune information ni consultation préalable des radios privées, le Gouvernement ne tient pas ses promesses, assume le déséquilibre du marché et surtout envoie un très mauvais signal au secteur privé. »
Pour Anne Fauconnier, Déléguée Générale du Bureaux de la Radio : « En 15 ans, le financement public de Radio France a progressé de 23%. Dans le même temps, les revenus des radios privées ont diminué de 33% ! Le budget de Radio France pour ses 7 radios (630M€) est désormais nettement supérieur à celui des 330 radios privées réunies (550M€). En laissant Radio France ponctionner chaque année davantage les revenus publicitaires des stations privées, c’est la diversité et le pluralisme du paysage radiophonique que l’on met à mal. »
Le texte n’a pas encore été voté mais, comme le rappelle Alain Liberty, « il a été présenté à l'Assemblée nationale, il est passé devant le Sénat et le CSA a rendu un avis. Je me félicite que certains parlementaires au Sénat et que le CSA aient émis de gros doutes sur cette décision. Le CSA a même demandé à l'État de revoir sa copie. Tant mieux. Espérons qu'en dernière lecture à l'Assemblée ce projet soit retoqué et que ce plafond de 42 millions sera maintenu. C'est capital. Surtout aujourd'hui. »
Le SIRTI, syndicat des radios indépendantes réunit 180 radios privées locales, régionales, thématiques et généralistes en France dont OUI FM, Vibration, Forum, BlackBox, Voltage, Wit FM, Swigg et Latina.
Le Bureau de la Radio représente quatre groupes radiophoniques privés dont M6, NRJ, NextRadioTV et Lagardère News.