Laïcité : près de la moitié des enseignants se sont déjà autocensurés

Publié : 6 janvier 2021 à 10h00 par Iris Mazzacurati

49% des enseignants disent s'être déjà autocensurés dans leur enseignement autour des questions religieuses, pour éviter de possibles incidents en classe, un chiffre en hausse depuis 2018 selon une enquête de l'Ifop pour la fondation Jean-Jaurès et "Charlie Hebdo".

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Pour éviter de possibles incidents en classe, 49% des enseignants disent s'être déjà autocensurés da
Crédit : Pixabay - photo d'illustration

Cette enquête, qui intervient près de trois mois après l'assassinat par décapitation du professeur Samuel Paty, porte sur "les contestations de la laïcité et les revendications religieuses vécues par les enseignants dans l'enceinte scolaire", premier volet d'une série de trois sur ce thème. Elle a été réalisée en ligne du 10 au 17 décembre 2020 auprès d'un échantillon de 801 enseignants des premier et second degrés en France métropolitaine.



Ainsi, près de la moitié des enseignants du second degré interrogés (49%) affirment s'être déjà autocensurés dans leur enseignement des questions religieuses afin de ne pas provoquer de possibles incidents dans leur classe, soit une hausse de 13 points depuis 2018.

Concernant les incidents liés à la contestation du principe de laïcité, 40% des professeurs disent avoir connu des incidents sur les questions relatives à la restauration scolaire, une augmentation de 5 points depuis 2018, selon l'Ifop.

Près de la moitié (49%) des contestations ou le fait que certains élèves essaient de se soustraire à des activités ou des enseignements interviennent lors des cours d'éducation physique et sportive, un chiffre en hausse de 14 points par rapport à 2018. Elles augmentent aussi lors d'enseignements abordant la laïcité (+12 points), lors de l'enseignement moral et civique (+10 points) ou encore des cours de sciences (+6 points).

En revanche, ces contestations sont en baisse lors d'enseignements d'éducation artistique (-5 points par rapport à 2018) ou encore lors d'enseignements technologiques ou en ateliers professionnels (-5 points).

Interrogés sur la décision de Samuel Paty de dispenser un cours sur la liberté d'expression en s'appuyant sur des caricatures de presse, trois quarts des professeurs interrogés (75%) le soutiennent, 9% pensent qu'il a eu tort et 16% préfèrent ne pas se prononcer.

Le ministère de l'Education nationale avait indiqué début décembre avoir recensé près de 800 incidents (17% pour apologie du terrorisme) lors de l'hommage rendu à Samuel Paty dans les établissements scolaires.

Au total, 44 exclusions définitives ont été prononcées par les établissements et 286 signalements ont été effectués auprès des services police-gendarmerie et 136 auprès des procureurs de la République.

(Avec AFP)