La corrida bientôt interdite à Mexico ?
23 février 2022 à 15h12 par Iris Mazzacurati
Une proposition de loi pour interdire la corrida a été déposée devant le Parlement du gouvernement local, une première.
Le député local de gauche Jorge Gaviño est le promoteur de ce texte en faveur du bien-être animal, dont l’issue n’est pas acquise. En effet, si Mexico (Mexique) est une ville progressiste (elle est une de première dans le pays à avoir pris position sur le bien-être animal, l’avortement ou le mariage homosexuel) elle est aussi un des bastions de la tauromachie en Amérique latine.
Le débat promet d’être acharné, puisqu’au Mexique, quatre états interdisent d’ores et déjà la tauromachie : Sonora et Coahuila (nord), Guerrero (sud) et Quintana Roo (sud-est), tandis que sept autres, l’ont inscrit sur la liste protégée du patrimoine culturel.
C’est la première fois que le Parlement local devra se prononcer sur une interdiction.
A Mexico, la tauromachie est présente depuis 500 ans et ses arènes sont les plus grandes au monde, avec une capacité de 50 000 spectateurs.
Comme argument de défense – surprenant -, les "pro tauromachie" ont choisi d’assimiler leur cause à celle notamment de la communauté LGBTIQ+ ou aux partisans de la dépénalisation de l'avortement... au nom du respect des minorités et de la « libre-pensée ».
Une position qui a du mal à passer auprès de leurs opposants : « Cela me touche de manière indirecte quand on tue ou blesse un animal "sensible" dans un espace public pour du divertissement. Cela touche ma vie en société, donc j’ai l’obligation et le droit d’agir contre ce supposé droit d’un tiers minoritaire », déclare Jorge Gaviño auprès de l’AFP.
Le sujet est d’autant plus épineux qu’il implique un large volet économique : en 2018, avant la pandémie, la tauromachie a généré 343 millions de dollars de revenus, 80 000 emplois directs et 146 000 emplois indirects, selon des chiffres officiels rapportés par l’AFP.
Au Venezuela, les corridas ont été interdites dans deux états, tandis qu’au Pérou, qui compterait plus d’arènes que de terrains de football, la demande de leur interdiction a été rejetée par la Cour suprême.