Pérou : des candidats atypiques se présentent aux élections du Parlement
9 avril 2021 à 7h00 par Jérome Pasanau
Le « Cholo Christ », une ex-prostituée ou encore une fan de mangas⬦ Les candidatures non conventionnelles font campagne pour les élections au parlement péruvien prévues dimanche.
Crédit : Wikipédia
Quelques candidats atypiques, comme ce figurant de Jésus Christ lors des processions de Pâques, une fan de manga japonais et une politicienne de gauche qui espère devenir la première congressiste transgenre du Pérou, font partie des 2 572 prétendants en lice pour les 130 sièges en jeu au Parlement unicaméral. Le vote doit avoir lieu dimanche.
Parmi ces candidats, on retrouve par exemple Angela Villon. Une ex-prostituée devenue politicienne. « Nous, les putes, nous votons aussi, et nous avons décidé de ne plus être des objets » explique Angela Villon, 56 ans. Selon elle, le pays compte 250 000 travailleuses du sexe, dont 45 seraient mortes du Covid-19. Si elle est élue précise-t-elle, elle militera pour la légalisation de la prostitution, pour que les travailleuses du sexe « victimes d’une telle cruauté » ne soient plus traitées comme « des ordures ». « Il m’a fallu beaucoup de larmes pour comprendre que je suis un être humain avec des droits » a déclaré la candidate, mère de cinq enfants à l’AFP. Elle s’est prostituée pendant 35 ans à partir de l’âge de 16 ans, et a cessé son activité il y a cinq ans. Elle dirige aujourd’hui le Mouvement des travailleurs du sexe au Pérou et gère un refuge à Lima qui aide une vingtaine de prostituées en quête d’une nouvelle vie.
Autre candidat, autre style, le « Cholo Christ » se présente lui aussi. Une fois par an, pour Pâques, Julio Mario Valencia reconstitue dans les rues de Lima la dernière marche du Christ avant la crucifixion, traînant une croix et portant une couronne d’épines. Ce camionneur de 63 ans est connu dans la capitale comme le «Cholo Christ», un terme utilisé pour désigner les personnes d’origine indigène. Cette année, il n’y a pas eu de procession de Pâques en raison de la pandémie de coronavirus, ce qui a permis à Julio Mario Valencia de mener campagne. Par « miracle » selon lui, le numéro 33 de la liste (l’âge auquel Jésus a été crucifié) lui a été attribué. Vêtu d’une tunique blanche, les manches peintes en rouge pour ressembler à du sang, Julio Mario Valencia se présente comme « un disciple de Dieu chargé de nettoyer notre maison nationale, le Parlement » qui, selon lui, a été pris en otage par les seuls intérêts économiques.
Gahela Cari, 28 ans, cherche à devenir la première parlementaire transgenre du Pérou. Vêtue d’un chemisier, d’une jupe et d’un chapeau à larges bords typiques des femmes andines, elle affirme qu’elle se présente pour apporter un changement social radical à une société dans laquelle elle a subi de nombreuses brimades, voire des violences. Les insultes sont venues des rangs des autres candidats, affirme Gahela Cari, à l’AFP, qui se dit « blessée » par l’autorité électorale péruvienne l’ayant enregistrée sous son prénom masculin. Si elle est élue, elle se battra pour « une société égalitaire, sans discrimination ni violence ».
Milagros Juarez, 31 ans, elle, se déguise en Asuka Langley, un personnage du manga japonais Neon Genesis Evangelion, et fait campagne en berçant une peluche du Pokemon Pikachu. Milagros Juarez souhaite que la consommation des dessins animés et mangas japonais soit « reconnue comme une activité culturelle au Pérou ». Son père l’accompagne dans sa campagne, distribuant des prospectus de sa fille en maillot de bain. Elle se décrit comme une « catholique et une patriote » et milite pour « l’expulsion des étrangers sans emploi officiel » dans le pays.